lundi 17 octobre 2016

Les descendants de réfugiés juifs pensent à redevenir allemands ABONNÉS TRISTAN DE BOURBON, Publié le lundi 26 septembre 2016 à 16h37 - Mis à jour le lundi 26 septembre 2016 à 16h46

 INTERNATIONAL La loi allemande leur permet de récupérer la citoyenneté dont furent dépouillés leurs parents. Au milieu des demandes de passeport enregistrées depuis l’annonce du Brexit, l’ambassade d’Allemagne a reçu des demandes officielles bien particulières : une centaine de juifs britanniques ont entamé le processus de récupération de leur citoyenneté allemande. Selon l’article 116 de la loi fondamentale allemande, en effet, les descendants de toute personne ayant perdu la citoyenneté allemande entre le 30 janvier 1933 et le 8 mai 1945 pour "des motifs politiques, raciaux ou religieux" sont autorisés à la recouvrer. L’Allemagne a réfléchi à son passé "L’Allemagne d’aujourd’hui et celle des années 30-40 n’ont évidemment rien à voir", rappelle Michael Neuman, le président de l’association britannique des juifs réfugiés. "Moi-même, je suis petit-fils de réfugiés, donc je n’ai pas la même difficulté émotionnelle ou personnelle vis-à-vis de cette question. Il faut regarder ce phénomène comme la réponse à une question pratique : des gens veulent garder une ouverture pour l’avenir de leurs enfants en leur donnant le moyen d’accéder à l’UE." Le responsable indique d’ailleurs que son association a reçu des conseils en la matière de la part de l’ambassade d’Allemagne. Pour la Londonienne Shira Goldman, 36 ans, ces requêtes ne devraient pas être perçues comme exceptionnelles. "L’Allemagne est perçue comme une force unificatrice en Europe, qui a, en plus, beaucoup fait en faveur des droits de l’homme depuis soixante ans", estime-t-elle. "L’histoire n’a pas été oubliée mais, dans notre esprit, la culture allemande n’est pas égale à nazisme. Leur questionnement sur leur racisme et leur passé est bien plus avancé que dans les autres pays d’Europe. Cela s’en ressent sur le niveau de leur antisémitisme, qui a quasiment disparu alors qu’il demeure ouvertement très présent chez leurs voisins français, polonais et autrichiens par exemple." Pas pour y vivre La jeune femme estime ainsi qu’"aller vivre en Allemagne ne poserait donc pas de problème fondamental, même si, concrètement, il est peu probable que les demandeurs s’y installent un jour. Ils ne demandent pas un passeport allemand mais un passeport européen. L’idée est de protéger son avenir en se donnant la possibilité d’aller vivre ailleurs au cas où la situation tournerait mal au Royaume-Uni". Le passé et ses diasporas restent ancrés dans l’esprit de chacun.Tristan de Bourbon, à Londres

Aucun commentaire: