jeudi 23 octobre 2014

Lettre ouverte au PS

Lettre ouverte au PS

21/10/2014

Mesdames Messieurs du PS,

Ces dernières semaines, j'ai peur, et je pense que vous pouvez comprendre pourquoi. L'avènement du gouvernement Michel a déjà provoqué de multiples tollés, à cause de certaines réformes qu'il s'apprête à entreprendre. Cependant, ce ne sont pas ces réformes qui provoquent ma crainte. Mais plutôt cette propagande, à laquelle j'assiste avec stupeur, et qui suit le rejet dans l'opposition du Parti Socialiste, présent au gouvernement fédéral depuis plus de vingt ans.

Une propagande qui débute par une chasse aux sorcières, le jour de présentation, au nom de laquelle vous transformez l'hémicycle en champ de foire, rendant impossible tout débat constructif. Il n'est pas question ici d’amnistier les propos du ministre Francken, mais ceux-ci datant de 2007, pourquoi avoir attendu tout ce temps pour les condamner, sans jamais avoir remis en question sa présence sur les listes électorales de la NVA ? Pourquoi semer le doute sur l'intégrité de ce nouveau gouvernement qui, bien qu'ayant (à priori) des idéaux différents des vôtres, n'en est pas moins aussi démocratique que vous ? Pourquoi ne pas simplement respecter le choix de la majorité des Flamands, vous qui représentez la majorité des francophones ?

Une propagande que vous déroulez, via vos intermédiaires syndicaux, sous la forme de grandes manifestations nationales à prévoir. Vos intermédiaires qui, à présent, se conduisent en véritables hooligans au devant du siège de votre rival politique. Si la manifestation est un mode d'expression, la détérioration matérielle volontaire consiste bien en un acte répréhensible.  Pensez-vous toujours, depuis le temps que vous pratiquez cette méthode, que les problèmes socio-économiques se règlent en bloquant le pays de manière soutenue, forcée et répétée ? Quel est le but, si ce n'est d'imposer votre vision de diriger le pays ?

Une propagande qui, enfin, continue, sous la forme d'un film publicitaire intitulé "Le gouvernement MR-NVA coupe dans votre portefeuille", qui n'a d'autre but que de dénigrer l'opposant. Une campagne qui sous couvert de son côté décalé, se permet d'être ouvertement calomnieuse, en plus d'étaler une flagrante carence argumentaire.

L'index et la retraite, vous n'avez plus que ces mots-là en bouche, sans jamais trouver le temps d'approfondir la cause et le but de ces réformes. Sans jamais émettre de solution alternative. Par ailleurs, je serais curieux de savoir pourquoi vous vous êtes si rapidement mis hors-jeu des négociations fédérales. Peut-être parce que vous saviez que l'équilibre budgétaire passerait tôt ou tard par ces réformes ingrates et impopulaires, que par simple souci d'image de marque, vous n'avez pas voulu prendre vous-mêmes?

L'index et la retraite, vous n'avez plus que ces mots-là en bouche. Vous n'ignorez pas que l'accord gouvernemental contient d'autres solutions destinées à renforcer le pouvoir d'achat, mais vous ne les mentionnez jamais. Sans doute parce que c'est là que vous pouvez le plus aisément jouer avec la crainte des citoyens. Pourtant, les travailleurs ne gagneront pas moins d'argent, vous le savez. Et la réforme des pensions permettra au moins la pérennité de celles-ci. Pourquoi continuer à marteler nos oreilles avec le sempiternel "Les riches volent aux pauvres", alors que vous savez que la réalité est bien plus compliquée que cette affirmation aussi simplette que démagogique ? Au nom de quelle logique désapprouvez-vous  la prise de mesures austères, vous qui en imposez au niveau régional ?

Pourquoi vous accaparer le social comme s'il s'agissait de votre monopole,  oubliant volontairement que jadis, vous n'avez rien fait pour sauver Renault Vilvorde, Ford Genk ou Arcelor-Mittal, etc ? Avez-vous seulement déjà fait quelque chose pour les petits travailleurs que vous prétendez défendre, hormis les bloquer en légitimant de nombreuses grèves sans fondement ?

Ces dernières semaines, j'ai peur, et je pense que vous pouvez comprendre pourquoi. J'ai peur pour la démocratie de mon pays, menacé par une opposition qui n'accepte pas son nouveau rôle. Une opposition qui mène campagne pour expliquer que sa place est au pouvoir, et nulle part ailleurs. J'ai peur pour ma liberté, que la majorité actuelle ne menace pourtant pas, mais au nom de laquelle vous agissez de manière si abrupte. J'ai peur pour la stabilité de mon nouveau gouvernement, que je ne soutiens que parce que vous souhaitez sa perte. A croire que vous seriez prêts à sacrifier l'unité du pays pour servir votre intérêt personnel. 

Mesdames Messieurs du PS, acceptez le fait que vous n'avez pas main mise sur le pouvoir dans ce pays. Et vu le temps que vous y avez passé, si vos idées et actions étaient si performantes, ça se saurait. 

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