Lettre ouverte au PS
21/10/2014
Mesdames Messieurs du PS,
Ces
dernières semaines, j'ai peur, et je pense que vous pouvez comprendre
pourquoi. L'avènement du gouvernement Michel a déjà provoqué de
multiples tollés, à cause de certaines réformes qu'il s'apprête à
entreprendre. Cependant, ce ne sont pas ces réformes qui provoquent ma
crainte. Mais plutôt cette propagande, à laquelle j'assiste avec
stupeur, et qui suit le rejet dans l'opposition du Parti Socialiste,
présent au gouvernement fédéral depuis plus de vingt ans.
Une
propagande qui débute par une chasse aux sorcières, le jour de
présentation, au nom de laquelle vous transformez l'hémicycle en champ
de foire, rendant impossible tout débat constructif. Il n'est pas
question ici d’amnistier les propos du ministre Francken, mais ceux-ci
datant de 2007, pourquoi avoir attendu tout ce temps pour les condamner,
sans jamais avoir remis en question sa présence sur les listes
électorales de la NVA ? Pourquoi semer le doute sur l'intégrité de ce
nouveau gouvernement qui, bien qu'ayant (à priori) des idéaux différents
des vôtres, n'en est pas moins aussi démocratique que vous ? Pourquoi
ne pas simplement respecter le choix de la majorité des Flamands, vous
qui représentez la majorité des francophones ?
Une
propagande que vous déroulez, via vos intermédiaires syndicaux, sous la
forme de grandes manifestations nationales à prévoir. Vos
intermédiaires qui, à présent, se conduisent en véritables hooligans au
devant du siège de votre rival politique. Si la manifestation est un
mode d'expression, la détérioration matérielle volontaire consiste bien
en un acte répréhensible. Pensez-vous toujours, depuis le temps que
vous pratiquez cette méthode, que les problèmes socio-économiques se
règlent en bloquant le pays de manière soutenue, forcée et répétée ?
Quel est le but, si ce n'est d'imposer votre vision de diriger le pays ?
Une
propagande qui, enfin, continue, sous la forme d'un film publicitaire
intitulé "Le gouvernement MR-NVA coupe dans votre portefeuille", qui n'a
d'autre but que de dénigrer l'opposant. Une campagne qui sous couvert
de son côté décalé, se permet d'être ouvertement calomnieuse, en plus
d'étaler une flagrante carence argumentaire.
L'index
et la retraite, vous n'avez plus que ces mots-là en bouche, sans jamais
trouver le temps d'approfondir la cause et le but de ces réformes. Sans
jamais émettre de solution alternative. Par ailleurs, je serais curieux
de savoir pourquoi vous vous êtes si rapidement mis hors-jeu des
négociations fédérales. Peut-être parce que vous saviez que l'équilibre
budgétaire passerait tôt ou tard par ces réformes ingrates et
impopulaires, que par simple souci d'image de marque, vous n'avez pas
voulu prendre vous-mêmes?
L'index
et la retraite, vous n'avez plus que ces mots-là en bouche. Vous
n'ignorez pas que l'accord gouvernemental contient d'autres solutions
destinées à renforcer le pouvoir d'achat, mais vous ne les mentionnez
jamais. Sans doute parce que c'est là que vous pouvez le plus aisément
jouer avec la crainte des citoyens. Pourtant, les travailleurs ne
gagneront pas moins d'argent, vous le savez. Et la réforme des pensions
permettra au moins la pérennité de celles-ci. Pourquoi continuer à
marteler nos oreilles avec le sempiternel "Les riches volent aux
pauvres", alors que vous savez que la réalité est bien plus compliquée
que cette affirmation aussi simplette que démagogique ? Au nom de quelle
logique désapprouvez-vous la prise de mesures austères, vous qui en
imposez au niveau régional ?
Pourquoi
vous accaparer le social comme s'il s'agissait de votre monopole,
oubliant volontairement que jadis, vous n'avez rien fait pour sauver
Renault Vilvorde, Ford Genk ou Arcelor-Mittal, etc ? Avez-vous seulement
déjà fait quelque chose pour les petits travailleurs que vous prétendez
défendre, hormis les bloquer en légitimant de nombreuses grèves sans
fondement ?
Ces
dernières semaines, j'ai peur, et je pense que vous pouvez comprendre
pourquoi. J'ai peur pour la démocratie de mon pays, menacé par une
opposition qui n'accepte pas son nouveau rôle. Une opposition qui mène
campagne pour expliquer que sa place est au pouvoir, et nulle part
ailleurs. J'ai peur pour ma liberté, que la majorité actuelle ne menace
pourtant pas, mais au nom de laquelle vous agissez de manière si
abrupte. J'ai peur pour la stabilité de mon nouveau gouvernement, que je
ne soutiens que parce que vous souhaitez sa perte. A croire que vous
seriez prêts à sacrifier l'unité du pays pour servir votre intérêt
personnel.
Mesdames
Messieurs du PS, acceptez le fait que vous n'avez pas main mise sur le
pouvoir dans ce pays. Et vu le temps que vous y avez passé, si vos idées
et actions étaient si performantes, ça se saurait.
21:23 Publié dans Web | Tags : ps, parti, socialiste, elio di rupo, magnette, gouvernement, michel | Lien permanent | Commentaires (140)
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